Le sourire

La lune était bien seule dans ce petit matin pluvieux. Parapluie, capuche, nez baissé, personne ne la regardait.
Les nuages aux couleurs de trottoir, se délavaient avec abnégation dans une lassitude continue. De leur gris, ils repeignaient la ville. La terre et le ciel se confondaient tristement. Malgré eux. Cette grisaille s’était incrustée dans la fatigue de tous. Nuages et ville compris.

Chacun cherchait un refuge pour échapper au déluge. En chat échaudé qui craint les eaux, je suivais le flot dans le métro.

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Orage !..

Perdu sur la hauteur d’une colline castillane, un bel arbre solitaire s’épanouissait paisiblement. Il avait vécu, connu quelques histoires. Son tronc été marqué de coups de canif, des cœurs y furent gravés par le passé.
Il étendait ses branches dans un lent étirement comme pour sortir d’un trop long sommeil. Offrant refuge aux oiseaux de passage, son feuillage ombrageait une grosse pierre qui caressait ses racines.
Une corneille y avait pris ses habitudes.

Les journées s’égrainaient tranquillement. Parfois, il s’égayait du chant des oiseaux sur l’air du temps.

De mémoire de corneille, on n’avait encore jamais connu de telle journée. Elle avait pourtant l’allure calme et chaude de toutes les autres, enveloppant la colline de sa torpeur de chaleur étouffante.
De son pas lent, la journée était bien avancée.

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Pourquoi la modification de la loi de 1905 n’est pas pertinente ?

L’exécutif agite le chiffon rouge de l’islamisme pour favoriser le retour des églises dans la vie de la République. Les raisons et les moyens évoqués ne relèvent pas de la loi du 9 décembre 1905 dite de séparation des églises et de l’état. Ce ne sont là que des faux-nez. Et le projet de modification de la loi de 1905 ne semble avoir pour objectif que d’ouvrir la voie vers un nouveau concordat.

Tout le monde n’est peut-être pas pointu dans le domaine, j’apporte donc quelques éléments de réflexion en décortiquant posément les différents éléments, les propositions portées à notre connaissance, et en exposant quelques pistes pour améliorer notre société.

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‘Es geschah im November’ – Kani Alavi. Photo prise sur le mur de Berlin, symbole de la fracture d’une nation.

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Le café

dans un semi sommeil je me suis dit tiens une fée
G tentait de la suivre l’R de rien
l’agitation régnait la N courait une H à la main
la plupart des lettres s’enfuyaient à tire d’L
en file indienne X Y et Z se sont jetées dans l’O de la B
C malheureux de ne pas émerger
I arrivait
le T infusait paisiblement les D étaient jetés
dans un semi réveil je sors du pays des songes
avec un K avec une fée

La porte

Confortablement installés dans nos fauteuils, nous savons ce qu’il ignore. Il se tient debout hésitant. Il n’a pas idée du monde dans lequel il va être propulsé et les aventures qui l’attendent. Et nous, spectateurs, sommes impatients qu’il franchisse cette foutue porte.

La porte cet objet du quotidien ouvre sur l’inconnu, les interrogations, les joies et les peines. Sur bien des perspectives.
Que ce soit une porte fantastique des étoiles qu’il a enfin franchie, la porte cyclopéenne de R’Lyeh ou de toute autre nature.
Que ce soit dans l’histoire, les portes Saint Denis, de Mycènes, de Brandebourg entre autre, nous offrent le témoignage de ces gloires et espoirs passés.
Que ce soit dans la sculpture, avec « La porte des enfers » d’Auguste Rodin ou dans la littérature avec « La porte des enfers » de Laurent Gaudé.
Que ce soit dans la vie de tous les jours avec la porte latérale qu’on oublie ou celle à galandage qu’on retient mal, la porte de devant pour le vieux flic ou celle de derrière pour le jeune flic, la porte à battant ou celle à tambour.
Que ce soit enfin au cinéma où la porte y est sublimée.

Ah la porte dans le septième art !..

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Brandenburger Tor : Cette porte symbolise l’histoire européenne moderne.

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Où avais-je la tête ?

A quel moment ça a merdé !? Comment ai-je pu la laisser filer ?

Où sont ces moments délicieux des débuts ? Où tout était ouaté et soyeux, d’une délicate enveloppe de douceur.

Les premiers temps étaient sous le signe de la découverte. Comme tout le monde, j’ai caressé, tâté, parfois pétri dans un amusement non feint. J’ai léché et suçoté sans trop savoir, comme ça pour goûter.
L’expérimentation sans relâche m’ouvrait toujours plus de nouveaux horizons. L’émerveillement était de tous les instants. L’enchantement était mon quotidien.

Je ne calculais rien. J’avançais sans intention, à l’aventure. Un avenir ? Se projeter ? Aucun plan, je naviguais à vue. Le monde m’appartenait !

Et puis l’insouciance a fait place à l’habitude. L’habitude à la lassitude. La bulle s’évertuant à maintenir ma tête dans les nuages a éclaté. Sans violence. Aucun heurt. Je ne me souviens même pas quand mes deux pieds ont touché terre.

Aujourd’hui, du haut de mon sérieux, je me pose la question : Qu’ai-je fait de mon enfance ?

La troisième colonne

C’est la lumière qui m’a le plus surpris. Ce jour-là elle était d’une clarté incroyable. Quelques instants auparavant j’attendais dans un couloir sombre pendant que toute une équipe semblait s’affairer autour. Les grands vantaux étaient restés clos, c’est par le portillon que l’on m’a fait entré dans ce qui deviendrait pour moi un nouveau monde. Dans un staccato de grincement rouillé la porte s’est ouverte sur cet éblouissant jaillissement lumineux.

Dans un plissement d’yeux, la perception d’une renaissance fut une évidence pour moi.
L’épée de la Justice était retournée dans son fourreau, l’on m’avait ôté mes chaînes : j’étais libre !

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Le pavé alcoolique

La soirée s’étire comme une vieille dame fatiguée, longuement et sans heurt. Embrassant d’un regard satisfait la salle vidée, le patron du soir écoute les deux comparses accoudés au comptoir.

_ Allez ! Un petit blanc et j’y vais.
_ Comment ça « un petit blanc » !? Tu viens de finir un rouge.
_ Oui, bin, je perd le foie. Le doute s’installe monsieur et je vire au blanc.
_ Arrête tes grandes phrases. Didier ! Sers lui un rouge ; c’est pour moi.

Figé dans une impassible attente Dider se dit qu’il se fait tard. Une certaine sympathie pour ces deux-là lui fend son visage tanné par le soleil d’un sourire éclatant large comme ça :
_ Alors les amis !? Qu’est-ce que je vous sers ?

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