Où avais-je la tête ?

A quel moment ça a merdé !? Comment ai-je pu la laisser filer ?

Où sont ces moments délicieux des débuts ? Où tout était ouaté et soyeux, d’une délicate enveloppe de douceur.

Les premiers temps étaient sous le signe de la découverte. Comme tout le monde, j’ai caressé, tâté, parfois pétri dans un amusement non feint. J’ai léché et suçoté sans trop savoir, comme ça pour goûter.
L’expérimentation sans relâche m’ouvrait toujours plus de nouveaux horizons. L’émerveillement était de tous les instants. L’enchantement était mon quotidien.

Je ne calculais rien. J’avançais sans intention, à l’aventure. Un avenir ? Se projeter ? Aucun plan, je naviguais à vue. Le monde m’appartenait !

Et puis l’insouciance a fait place à l’habitude. L’habitude à la lassitude. La bulle s’évertuant à maintenir ma tête dans les nuages a éclaté. Sans violence. Aucun heurt. Je ne me souviens même pas quand mes deux pieds ont touché terre.

Aujourd’hui, du haut de mon sérieux, je me pose la question : Qu’ai-je fait de mon enfance ?