Tricolore

« J’irai chercher la République jusqu’au fond des chiottes ! »

Je plagie ici Vladimir Poutine (alors premier ministre de Boris Eltsine) lors de la conférence de presse d’Astana le 24 septembre 1999 :
« Nous poursuivrons les terroristes partout […]. Si on les prend dans les toilettes, eh bien, excusez-moi, on les butera dans les chiottes. »

Ce galet

Ce galet est un peu moi.
Transporté par les hasards des flots, transporté par les hasards de la vie. Passés les tumultes, nous nous déposons là. Oui, là c’est très bien.
Il cherche sa place dans la mer, je cherche ma place dans le cosmos. Une différence fine comme une ligne d’horizon.
La fortune l’a installé dans ma main. Comme je m’observe dans le miroir, je l’observe.

Le galet, c’est un peu le caillou de la mer, un morceau de la Terre dans les eaux.
Pour ma part, ma mère vient de la mer, et mon père vient de la terre. Encore une similitude entre ce galet et moi.

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La vie, la guimbarde et le lapin

Parfois, je perçois la vie comme une guimbarde.

Avec le temps, je la trouve confortable, j’y prends mes aises.
Tout ne fonctionne pas comme attendu, mais je m’y fais. j’y acquiers quelques automatismes rassurants. Même s’il m’arrive encore de pester que mince ce n’est pas possible ! ça ne fonctionne jamais comme on s’y attend…

Et puis un jour ma guimbarde de vie est poussive. Et au carrefour alors que je cherche ma route : quelques hocquets. Elle ne redémarre plus. Je me retrouve en rade comme un con sans savoir quoi faire. Je suis là coincé dans ma guimbarde encalminée alors que les autres bolides déboulent vers leur avenir. Ils savent où ils vont et foncent.

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La quiche !

– … Et là elle sort son smartphone et elle prend son assiette en photo. Tu te rends compte ? On est où là !? C’est quoi l’intérêt de prendre cette photo ? Toi qui fait de la photo qu’est-ce que tu en penses ?

– J’en pense que ce n’est pas évident de photographier de la nourriture pour que ça reste appétissant et que ça fasse une jolie composition. Justement l’autre jour, j’ai fait une quiche…

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Je t’aime Papa

Fils face à la mer

Petite flamme vacillante entre la terre, la mer et le ciel.

Papa était fils de paysans, ces sculpteurs de paysages, façonnant nos bocages, nos plaines, nos vertes collines. Papa avait sublimé cela en passion de l’aménagement du territoire, de l’urbanisme, et de l’écologie. Il en a fait son sacerdoce, apportant sa pierre à l’édifice humain.

Papa avait cet attachement profond à la campagne, à la terre.
La terre est le solide, la rectitude -dans les sillons-, le cadre -des prés-, la patience -imposée par la nature-, c’est le concret. Et Papa était tout cela à la fois, le solide, la rectitude, le cadre, la patience et le concret.

Papa avait cette sagesse de barbu dans la recherche permanente de l’instruction. Toujours à étudier un élément sociétal ou à compulser des documents techniques.
Il avait cette force du bûcheron, magnifiée en force de la détermination et de l’engagement.
Il avait cet amour de la beauté du geste, les choses bien faites, parfaitement finies, peaufinées.

Pour offrir un autre éclairage, j’associerais Papa symboliquement à la Semeuse de nos pièces.
Au revers de nos francs étaient les lauriers, à l’opposé des attentes de Papa, tout le contraire de ses aspirations.
A l’avers figure la Semeuse, symbole de la République, du travail, de la terre, des graines plantées pour l’avenir.
Cette Semeuse maintenant européenne est la quintessence des symboles et valeurs chers à Papa.

Cette conviction en la République, cette glorification du travail, cette préoccupation des générations futures, ont été pour lui les moteurs infatigables de son inlassable effort de transmission auprès de ses 3 enfants. Un apprentissage dont la clef de voûte pourrait se résumer par le trio :
Bien penser, bien dire, bien faire.

Et il a bien œuvré, nous sommes tous les trois, tout autant exigeants, travaillant constamment à notre amélioration.
Aujourd’hui nous sommes bien outillés, préparés pour l’avenir.

Je t’aime Papa.

Discours prononcé le samedi 3 mars 2018 au crématorium de Caen

En quoi le revenu universel nous interroge-t-il sur notre relation au travail ?

D’emblée, je me permets de préciser que je fais la distinction entre le travail et l’emploi, entre le revenu, la rétribution et le salaire. Et j’ouvrirai des petites parenthèses pour des mises en relief.

Cet article s’articulera en 3 parties pour aborder la notion de travail, emploi, rétribution puis celle de revenu, en particulier universel, pour enfin s’intéresser à la question qui nous est posée. Ce sommaire de prétentieux compense la précipitation de la rédaction entre énumération et style télégraphique.

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Quels principes devrait adopter une taxe sur les robots pour assurer son équité ?

Enfant, je lisais tous ces magazines projetant l’an 2000 comme un monde de robots et d’automatisation. Un monde où l’on claque des mains pour allumer la lumière. Un monde où l’on interpelle un ordinateur pour qu’il nous annonce la météo ou la dernière découverte. Un monde où la vision-conférence est utilisée par les familles éloignées. Un monde où on lit sa correspondance sur sa montre. Un monde où les voitures n’ont plus de conducteur et volent entre les gratte-ciels.
Aujourd’hui, si le vol domestique n’est que balbutiant [1], tout le reste est déjà notre actualité. Et même si cela fait presque 40 ans que l’on projette ce monde-là, beaucoup semblent surpris qu’il en soit de nos jours ainsi.

Et certains politiques de brandir l’invasion des robots tueurs d’emplois. De constater que notre fiscalité est démunie lorsqu’un travail salarié est remplacé par un robot. Certains dont Bill Gates, lancent l’idée d’une taxe sur les robots. L’idée de remplir les caisses voire de palier le manque d’emplois par une telle taxe pourrait paraître comme une bonne adaptation.
Néanmoins on pourrait craindre qu’elle accélère la délocalisation des dernières chaînes de montage, que nos serveurs informatiques soient un peu plus dans le cloud, et beaucoup moins en France, voire qu’elle provoque le déménagement des secteurs innovants et des nouvelles technologies, vers des fiscalités plus clémentes.

Pour éviter une telle fuite, un des facteurs est l’équité. Si une taxe ou un impôt semble juste et équitable, il est toléré, accepté voire réclamé (« il ne faut pas exagérer » me dit-on dans l’oreillette droite). C’est pourquoi je me pose la question : Quels principes devrait adopter une taxe sur les robots pour assurer son équité ?

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Logiciel libre modèle du nouveau travail

C’est à l’INA que j’ai compris ce qu’était vraiment le travail, et comme ce qui reste à venir, et dans un nouveau monde industriel à venir. J’y ai collaboré avec des ingénieurs et développeurs qui travaillaient en logiciel libre, et j’ai découvert là une conception du travail tout à fait différente de ce qu’on enseignait dans les écoles, et à mes yeux proprement révolutionnaire – c’est-à-dire faisant apparaître comme caduque et donc révolue la conception dominante. Je n’ai pas été convaincu immédiatement : il m’a fallu quelques mois et quelques voyages, notamment à Berlin, pour forger ma conviction que le logiciel libre correspondait à un modèle économique non seulement viable, non seulement durable, mais extraordinairement gratifiant pour ceux qui le pratiquaient et qui, bien qu’il s’agisse d’un travail industriel, et parce qu’il est fondé par le développement et le partage des responsabilités et des capacités, ne conduisait pas à la prolétarisation, mais tout au contraire, installait la déprolétarisation au coeur d’une nouvelle logique économique fondée sur la valorisation et le partage des savoirs.

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L’emploi est mort, vive le travail ! Bernard Steigler, entretien avec Ariel Kyrou. Mille et une nuits

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Etonnante laïcité

La laïcité n’est pas une doctrine, encore moins une théorie à la façon du marxisme ou du darwinisme. Elle n’est pas une philosophie comme le rationalisme ou le positivisme. Elle n’a pas pour vocation de mobiliser les foules ou d’interpréter le monde, afin de le rendre meilleur. Elle n’est pas à proprement parler une sagesse, même si sa pratique façonne une société plus juste, plus apaisée et des individus plus tolérants. (…)

La laïcité n’est pas synonyme d’anticléricalisme, même si les circonstances où elle est née ont pu prêter à cette confusion. Elle ne forme pas un couple avec la religion, dont elle n’est ni l’envers, ni le contraire, ni un substitut, ni l’alternative. Elle ne se situe pas sur le même plan. Elle est d’une autre nature, même si elle a à voir avec les cultes, les croyances, l’agnosticisme et l’athéisme, dont elle assure la libre expression. Elle n’est évidemment pas un frein ou un obstacle à la liberté religieuse, puisqu’elle garantit à tout citoyen la liberté de conscience, qui en est la forme la plus achevée.
(…)
Elle est essentiellement un principe juridique et politique d’organisation des institutions, le premier et le seul qui permette à chaque citoyen le plein exercice de sa liberté de conscience. Bifurcation majeure dans l’histoire de l’humanité. (…)

Mais la laïcité est plus encore. Elle est une attitude d’esprit et une règle de comportement en société. Elle est une façon d’aborder la connaissance, la science, l’instruction des enfants, sans préjugé ni dogme, avec l’esprit critique comme seul guide. Héritière de la Réforme, de Descartes, des Lumières et du positivisme, elle est fille de la IIIe République, d’Anatole France et d’Alain. En outre, elle entretient un rapport singulier avec la morale qu’elle veut circonscrite à l’humain, (…). Une morale collective, civique, qui n’exclut pas le recours à d’autres sources d’inspiration, religieuse ou philosophique, à condition qu’elles n’entrent pas en contradiction avec les valeurs fondamentales de la République, par exemple l’égalité des sexes. Une morale recentrée sur le bien, ici-bas, dans ce monde, mais qui respecte les croyances dans un au-delà, les rites et coutumes des diverses confessions ou Eglises. Une morale qui ne se préoccupe pas d’enseigner le salut, mais qui n’élude pas les questions de métaphysique et de transcendance. La laïcité, c’est la Raison se défiant d’elle-même. C’est l’éthique dans ce qu’elle a d’universel. C’est peu et c’est beaucoup.

Etonnante laïcité, si méconnue, si pleine de promesses, si jeune encore, un siècle à peine… Elle a survécu à toutes les caricatures, et elles sont féroces. Elle semble échapper des mots usuels et des formules toutes faites : principes, conceptions, valeurs, règles de conduite, mode d’organisation des pouvoirs. Elle est tout cela à la fois. Mais aussi une culture, une façon d’être à soi et aux autres, un projet de vie.

Extraits de « Du principe de laïcité » de Gérard Delfau