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Orage !..
Perdu sur la hauteur d’une colline castillane, un bel arbre solitaire s’épanouissait paisiblement. Il avait vécu, connu quelques histoires. Son tronc été marqué de coups de canif, des cœurs y furent gravés par le passé.
Il étendait ses branches dans un lent étirement comme pour sortir d’un trop long sommeil. Offrant refuge aux oiseaux de passage, son feuillage ombrageait une grosse pierre qui caressait ses racines.
Une corneille y avait pris ses habitudes.
Les journées s’égrainaient tranquillement. Parfois, il s’égayait du chant des oiseaux sur l’air du temps.
De mémoire de corneille, on n’avait encore jamais connu de telle journée. Elle avait pourtant l’allure calme et chaude de toutes les autres, enveloppant la colline de sa torpeur de chaleur étouffante.
De son pas lent, la journée était bien avancée.
Le café
dans un semi sommeil je me suis dit tiens une fée
G tentait de la suivre l’R de rien
l’agitation régnait la N courait une H à la main
la plupart des lettres s’enfuyaient à tire d’L
en file indienne X Y et Z se sont jetées dans l’O de la B
C malheureux de ne pas émerger
I arrivait
le T infusait paisiblement les D étaient jetés
dans un semi réveil je sors du pays des songes
avec un K avec une fée
La porte
Confortablement installés dans nos fauteuils, nous savons ce qu’il ignore. Il se tient debout hésitant. Il n’a pas idée du monde dans lequel il va être propulsé et les aventures qui l’attendent. Et nous, spectateurs, sommes impatients qu’il franchisse cette foutue porte.
La porte cet objet du quotidien ouvre sur l’inconnu, les interrogations, les joies et les peines. Sur bien des perspectives.
Que ce soit une porte fantastique des étoiles qu’il a enfin franchie, la porte cyclopéenne de R’Lyeh ou de toute autre nature.
Que ce soit dans l’histoire, les portes Saint Denis, de Mycènes, de Brandebourg entre autre, nous offrent le témoignage de ces gloires et espoirs passés.
Que ce soit dans la sculpture, avec « La porte des enfers » d’Auguste Rodin ou dans la littérature avec « La porte des enfers » de Laurent Gaudé.
Que ce soit dans la vie de tous les jours avec la porte latérale qu’on oublie ou celle à galandage qu’on retient mal, la porte de devant pour le vieux flic ou celle de derrière pour le jeune flic, la porte à battant ou celle à tambour.
Que ce soit enfin au cinéma où la porte y est sublimée.
Ah la porte dans le septième art !..
Où avais-je la tête ?
A quel moment ça a merdé !? Comment ai-je pu la laisser filer ?
Où sont ces moments délicieux des débuts ? Où tout était ouaté et soyeux, d’une délicate enveloppe de douceur.
Les premiers temps étaient sous le signe de la découverte. Comme tout le monde, j’ai caressé, tâté, parfois pétri dans un amusement non feint. J’ai léché et suçoté sans trop savoir, comme ça pour goûter.
L’expérimentation sans relâche m’ouvrait toujours plus de nouveaux horizons. L’émerveillement était de tous les instants. L’enchantement était mon quotidien.
Je ne calculais rien. J’avançais sans intention, à l’aventure. Un avenir ? Se projeter ? Aucun plan, je naviguais à vue. Le monde m’appartenait !
Et puis l’insouciance a fait place à l’habitude. L’habitude à la lassitude. La bulle s’évertuant à maintenir ma tête dans les nuages a éclaté. Sans violence. Aucun heurt. Je ne me souviens même pas quand mes deux pieds ont touché terre.
Aujourd’hui, du haut de mon sérieux, je me pose la question : Qu’ai-je fait de mon enfance ?
La troisième colonne
C’est la lumière qui m’a le plus surpris. Ce jour-là elle était d’une clarté incroyable. Quelques instants auparavant j’attendais dans un couloir sombre pendant que toute une équipe semblait s’affairer autour. Les grands vantaux étaient restés clos, c’est par le portillon que l’on m’a fait entré dans ce qui deviendrait pour moi un nouveau monde. Dans un staccato de grincement rouillé la porte s’est ouverte sur cet éblouissant jaillissement lumineux.
Dans un plissement d’yeux, la perception d’une renaissance fut une évidence pour moi.
L’épée de la Justice était retournée dans son fourreau, l’on m’avait ôté mes chaînes : j’étais libre !
Le pavé alcoolique
La soirée s’étire comme une vieille dame fatiguée, longuement et sans heurt. Embrassant d’un regard satisfait la salle vidée, le patron du soir écoute les deux comparses accoudés au comptoir.
_ Allez ! Un petit blanc et j’y vais.
_ Comment ça « un petit blanc » !? Tu viens de finir un rouge.
_ Oui, bin, je perd le foie. Le doute s’installe monsieur et je vire au blanc.
_ Arrête tes grandes phrases. Didier ! Sers lui un rouge ; c’est pour moi.
Figé dans une impassible attente Dider se dit qu’il se fait tard. Une certaine sympathie pour ces deux-là lui fend son visage tanné par le soleil d’un sourire éclatant large comme ça :
_ Alors les amis !? Qu’est-ce que je vous sers ?
L’aboyeur
Ils vont me rendre fou !
Ce n’est pas un peu fini ce tintamarre !
Qu’est-ce qu’ils ont tous à crier comme ça ! C’est juste du football, je n’y ai jamais rien compris mais ça reste quelques gugus qui courent après une baballe.
Mais vont-ils se calmer !?
Ah… enfin !
C’est qu’ils recommencent !
Marre de ce fichu vacarme !
Pas la peine de brailler comme ça. But, but, but, bahbahbah, on a compris. Et l’autre qui nous sort la corne de brume ! On aura tout entendu ! Ca a le don de me hérisser le poil ces machins assourdissants.
Tricolore
Je plagie ici Vladimir Poutine (alors premier ministre de Boris Eltsine) lors de la conférence de presse d’Astana le 24 septembre 1999 :
« Nous poursuivrons les terroristes partout […]. Si on les prend dans les toilettes, eh bien, excusez-moi, on les butera dans les chiottes. »
Ce galet
Ce galet est un peu moi.
Transporté par les hasards des flots, transporté par les hasards de la vie. Passés les tumultes, nous nous déposons là. Oui, là c’est très bien.
Il cherche sa place dans la mer, je cherche ma place dans le cosmos. Une différence fine comme une ligne d’horizon.
La fortune l’a installé dans ma main. Comme je m’observe dans le miroir, je l’observe.
Le galet, c’est un peu le caillou de la mer, un morceau de la Terre dans les eaux.
Pour ma part, ma mère vient de la mer, et mon père vient de la terre. Encore une similitude entre ce galet et moi.